Cinq juges français rendront leur verdict jeudi dans une affaire de viol collectif impliquant 51 hommes, qui a bouleversé le monde et transformé la victime, Gisèle Pelicot, en un symbole de courage et de résilience.
L’ex-mari de Gisèle, Dominique Pelicot, a plaidé coupable d’avoir drogué sa femme à plusieurs reprises pendant près d’une décennie pour la violer, et d’avoir offert son corps inconscient à des dizaines d’étrangers rencontrés en ligne, tout en filmant les abus.
Les procureurs ont requis une peine maximale de 20 ans de prison contre lui, et des peines allant de quatre à 18 ans pour les 50 autres accusés, dont presque tous sont poursuivis pour avoir violé Gisèle Pelicot alors qu’elle était plongée dans un état comateux dans son lit.
À 72 ans, Gisèle Pelicot a renoncé à son droit à l’anonymat et a demandé que le procès se tienne en public, avec la diffusion des vidéos en salle d’audience, espérant ainsi encourager d’autres femmes à briser le silence.
Le procès a suscité des manifestations de soutien à travers la France en faveur de Pelicot, et provoqué une profonde remise en question, notamment un débat sur la révision de la loi française sur le viol, qui ne stipule pas explicitement que tout acte sexuel doit être basé sur le consentement.
Beaucoup des accusés nient les charges, affirmant qu’ils pensaient participer à un jeu sexuel consensuel orchestré par le couple, arguant que ce n’était pas un viol si le mari avait donné son accord.
Dominique Pelicot a nié avoir trompé les hommes, affirmant qu’ils savaient parfaitement ce qu’ils faisaient. « Je suis un violeur comme les autres dans cette salle », a-t-il déclaré lors de son témoignage, s’excusant auprès de sa famille et demandant pardon.
Gisèle, quant à elle, est restée déterminée tout au long des trois mois de procès, défiant du regard ses agresseurs avec une force inébranlable et rejetant fermement toute allégation selon laquelle elle aurait été une participante consentante.
« J’ai décidé de ne pas avoir honte, je n’ai rien fait de mal », a-t-elle déclaré à la cour dans la ville d’Avignon en octobre. « Ce sont eux qui devraient avoir honte. »
DES SECRETS HORRIFIANTS
Les accusés viennent de tous les horizons : chauffeurs routiers, soldats, pompiers, agents de sécurité, employés de supermarché, journalistes et chômeurs.
Le plus jeune suspect avait seulement 22 ans lorsqu’il est entré dans la chambre de Gisèle Pelicot, tandis que le plus âgé avait plus de 70 ans. Beaucoup avaient des enfants et étaient en couple. La plupart vivaient dans un rayon de 50 kilomètres autour du village pittoresque des Pelicot, Mazan, niché au cœur des vignobles au pied du mont Ventoux.
L’affaire n’a éclaté qu’en 2020, lorsque Dominique a été surpris en train d’essayer de photographier sous les jupes de femmes dans un supermarché. Les policiers ont ensuite découvert plus de 20 000 photos et vidéos sur ses disques durs, révélant les secrets horrifiants qu’il avait cachés à son ex-femme pendant une décennie.
Les enquêteurs estiment que 72 hommes se sont rendus chez les Pelicot pour violer et abuser de Gisèle, mais ils n’ont pas pu tous les identifier.
Dominique a reconnu avoir introduit de puissants tranquillisants dans les repas et le café de sa femme, la plongeant dans un sommeil profond pendant plusieurs heures. Gisèle, quant à elle, a déclaré qu’elle craignait de souffrir de la maladie d’Alzheimer ou d’une tumeur cérébrale à cause de ses pertes de mémoire.
Elle espère que l’immense intérêt pour son affaire aidera d’autres femmes victimes d’abus sexuels, tout en rejetant les louanges pour son courage à exposer publiquement sa douleur.
« Ce n’est pas du courage. C’est de la détermination pour changer les choses », a-t-elle déclaré à la cour en octobre. « Ce n’est pas seulement mon combat, mais celui de toutes les victimes de viol. »
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