L’arrestation de Jean-Baptiste Nguini Effa, ancien directeur général de la Société Camerounaise des Dépôts Pétroliers (SCDP), demeure l’un des épisodes marquants des débuts de l’opération Épervier au Cameroun. Lors d’une émission spéciale sur Bnews1, il a livré un récit détaillé et franc des circonstances de son arrestation, survenue le 26 août 2009.
« La veille, le 25 août, j’avais travaillé avec mon équipe de Renaissance de Ngoumou pour préparer la saison. Nous avions de grandes ambitions et envisagions une tournée en Afrique du Sud. J’ai donc veillé tard. Vers 5h30 ou 6h du matin, mon gardien est venu frapper à ma porte. Mon épouse était en mission à ce moment-là – elle était déjà députée.
Des policiers sont venus, mais sans le vacarme habituel des premières arrestations de l’opération Épervier. Contrairement aux interventions bruyantes, avec sirènes hurlantes et descentes spectaculaires, mon interpellation a été discrète. Trois policiers sont arrivés dans une petite Toyota Corolla. Ils sont venus jusqu’à ma chambre, avec respect.
L’un d’eux m’a dit : “Je suis désolé, j’ai une convocation pour vous à la police judiciaire. Prenez votre carte d’identité, habillez-vous, et préparez quelques affaires.” C’est ainsi que j’ai été arrêté. On m’a conduit à la PJ de Yaoundé, puis transféré le jour même à Douala, où j’ai passé trois jours dans une cellule infecte et insalubre. Ce fut le premier choc de ma vie. »
En détention à la prison centrale de Yaoundé-Kondengui, Jean-Baptiste Nguini Effa a été condamné en juin 2022 à 15 ans de prison ferme par le Tribunal Criminel Spécial (TCS). Directeur général de la SCDP de 1994 à 2009, il avait été incarcéré en août 2009 pour un détournement présumé de deux milliards de francs CFA entre 2005 et 2009.
Après sa condamnation, il a déposé un pourvoi auprès de la Cour suprême le 15 octobre 2012. Il a fallu attendre cinq longues années pour que son dossier soit enfin enrôlé.
Une expertise avait été commandée par le Tribunal de Grande Instance (TGI) du Wouri, menée par trois experts financiers – Dissak, Momo et Koum. Ces derniers avaient déjà défrayé la chronique en imputant à Ngamo Hamani, ancien administrateur provisoire de Camair, un détournement de 127 milliards de francs CFA en trois ans de gestion. Une contre-expertise réalisée par d’autres experts comptables avait cependant ramené ce chiffre à moins de deux milliards.
Pour sa part, Nguini Effa avait été condamné dès le 12 octobre 2009 à 30 ans de prison. Ses collaborateurs avaient écopé de peines allant de 10 à 12 ans. Le long processus judiciaire, jalonné de recours et de réexamens, a illustré les complexités des procédures autour de l’opération Épervier.
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