Les organisations de la société civile (OSC) au Cameroun ont dénoncé la suspension récente de plusieurs organisations non gouvernementales (ONG) par le gouvernement.
Dans un communiqué ferme publié le 9 décembre 2024, elles ont qualifié les actions du ministère de l’Administration territoriale (MINAT) d’attaque sans précédent contre la liberté d’association et de tentative délibérée de restreindre l’espace civique.
Le ministère a suspendu REDHAC 1 pour une durée de trois mois et a interdit REDHAC 2, déclarant cette dernière nulle et non avenue.
De même, le gouvernement a suspendu Reach Out Cameroon pour une période de trois mois, invoquant plusieurs accusations, notamment l’incapacité de l’organisation à justifier la destination de ses financements.
Des allégations contestées par la société civile
Selon les leaders de la société civile, ces mesures reposent sur des accusations infondées de « mauvaise gestion financière » et de « financement illicite », qui, selon eux, manquent de fondement légal ou factuel.
La société civile prend la parole
« Il s’agit d’une attaque directe contre la démocratie et les droits de l’homme », a déclaré Me Alice Nkom, avocate renommée et militante des droits humains, l’une des signataires du communiqué.
Elle a été rejointe par d’autres figures de proue, notamment le Dr Hilaire Kamga et Me Nkongho Felix Agbor-Balla. Ces derniers ont condamné les actions du gouvernement comme étant non seulement anticonstitutionnelles, mais également une violation manifeste des traités internationaux relatifs aux droits de l’homme auxquels le Cameroun est partie.
Une menace pour les valeurs démocratiques
Ces suspensions surviennent quelques jours après que REDHAC a déposé une pétition demandant au Comité des droits de l’homme des Nations Unies d’enquêter sur des cas de torture au Cameroun.
Des observateurs soulignent que ces décisions semblent cibler des organisations qui tiennent régulièrement le gouvernement responsable des violations des droits de l’homme.
En limitant les activités de ces organisations, le gouvernement camerounais envoie un message inquiétant à la société civile, a déclaré le Dr Richard Makon, un autre signataire.
« Ces actions sont incompatibles avec les obligations démocratiques du Cameroun, surtout à l’approche d’un cycle électoral volatil en 2025. »
Appels à l’annulation des suspensions
Les leaders de la société civile exhortent le gouvernement à revenir immédiatement sur ces suspensions et à rétablir les droits des organisations concernées.
Ils soulignent que REDHAC et Reach Out ont toujours opéré dans le cadre légal établi par les lois camerounaises et ont maintenu une transparence financière.
Le communiqué, signé par une coalition de plus de 20 défenseurs des droits humains et organisations de la société civile, avertit qu’un refus d’annuler ces décisions risque d’isoler davantage le Cameroun sur la scène internationale et d’aggraver les tensions sociopolitiques existantes, notamment en plein cœur de la crise anglophone.
Pour la défense des principes démocratiques
Alors que le Cameroun fait face à un examen accru de son bilan en matière de droits humains, les leaders de la société civile appellent la communauté internationale à intervenir et à demander des comptes au gouvernement.
Ils insistent sur le fait qu’un espace civique dynamique est essentiel pour relever les défis urgents du pays et garantir un processus démocratique pacifique et inclusif à l’approche des élections de 2025.
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