Les leaders séparatistes de l’Ambazonie, dont Sisiku Ayuk Tabe, qui ont été arrêtés au Nigeria et extradés vers le Cameroun, ont déjà passé sept ans derrière les barreaux.
Les 10 séparatistes éminents ont été arrêtés le 5 janvier 2018 à l’hôtel Nera à Abuja, au Nigeria.
En collaboration avec les autorités camerounaises, la police nigériane a arrêté Julius Sisiku Ayuk Tabe et neuf autres, aujourd’hui connus sous le nom de Nera 10.
Suite à leur arrestation, il a fallu environ deux semaines au gouvernement camerounais pour reconnaître leur détention à Yaoundé.
Purgeant des peines de prison à vie
Ayuk Tabe, qui a déclaré l’indépendance des deux régions anglophones du Cameroun le 1er octobre 2017, a ensuite été jugé aux côtés de ses collègues devant un tribunal militaire de Yaoundé.
Le tribunal les a accusés de sécession et d’infractions liées au terrorisme.
À cette époque, la crise anglophone venait de dégénérer en un conflit armé en 2017.
Après plusieurs comparutions devant le tribunal, le tribunal militaire les a finalement condamnés à la prison à vie en l’absence de leurs avocats.
Outre la simple peine d’emprisonnement à vie, le tribunal leur a infligé des amendes de plusieurs milliards de francs CFA.
L’espoir au cachot
Malgré sept années passées en prison, Sisiku Ayuk Tabe n’a pas changé de position.
Avant son arrestation, il avait toujours prêché la sécession par une approche non violente.
Jusqu’à aujourd’hui, il appelle toujours les Camerounais anglophones, qu’il identifie comme des Ambazoniens, à être pacifiques dans leur lutte pour l’autodétermination.
Plusieurs vidéos l’ont montré en train de prêcher la parole de Dieu à ses compagnons de cellule.
Dans la plupart de ses messages, il fait encore preuve de qualités de leadership, en tendant la main à ceux qui sont pris dans le conflit armé.
Un leadership en désarroi
Depuis l’arrestation et la détention des 10 leaders séparatistes, la lutte pour l’indépendance a connu de nombreux défis.
Après son arrestation, Sisiku a transféré le pouvoir de sa fonction de chef du conseil d’administration de l’Ambazonie à Dapney Yerima.
Cependant, Yerima est impopulaire.
Son leadership a été contesté par des bellicistes et des assoiffés de pouvoir comme Ayaba Cho Lucas, Christ Anu et Samuel Sako.
Ils ont créé des factions indépendantes qui se sont affrontées.
Ils ont été accusés d’utiliser la lutte pour l’indépendance pour régler des comptes et collecter des fonds privés.
Les combattants séparatistes des différents camps se sont fréquemment attaqués et tués, dans une quête de contrôle.
Ils ont également kidnappé des civils contre rançon et tué plusieurs autres qui ne partageaient pas leurs idées.
Le retour à la normale au milieu des difficultés
Depuis le début de la crise en 2016, des milliers de personnes sont mortes et d’énormes biens ont été détruits.
Le conflit a déplacé des centaines de milliers de personnes à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
L’économie des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest s’est contractée.
Cependant, le conflit armé commence à s’atténuer.
Les meurtres généralisés de civils sont maintenant rares, mais les enlèvements contre rançon persistent.
De plus, certaines communautés rurales, en particulier dans la région du Nord-Ouest, restent sous le contrôle des combattants séparatistes.
Alors que d’éminents combattants séparatistes ont été tués, des centaines d’autres ont déposé les armes et ont rejoint les Centres de désarmement, de démobilisation et de réintégration.
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