L’audience a repris à 15h52. Le parquet termine son interrogatoire de Boubacar C., toujours à la barre.
Tension croissante et suspension d’audience
Le ton montait depuis quelques minutes entre le parquet, qui avait la parole pour l’interrogatoire, et Boubacar C. et son avocat, Me Saïd Harir, qui commençait à multiplier les incidents de séance en interrompant la Procureure, notamment au sujet de « mensonges » qu’aurait dit Paul Pogba lors de ses auditions. La présidente s’agace et siffle temporairement la fin des hostilités. « Suspension de séance », ordonne-t-elle vigoureusement à 15h37, pour une durée indéterminée.
«Pogba avait les larmes aux yeux»
Interrogé par la Procureure sur les déclarations faites par Paul Pogba lors de ses auditions devant les enquêteurs, notamment sur un rendez-vous que Boubacar C. aurait organisé dans un restaurant parisien dans la soirée du 20 mars 2022, le prévenu maintient sa version : « Lors de la confrontation, étiez-vous parmi nous madame, pour voir le comportement de Paul Pogba à mon égard ? Il savait tellement qu’il mentait qu’il se retournait vers moi avec les larmes aux yeux. »
« Paul a menti sur plein de choses »
Boubacar C. monte des signes d’agacement face à la citation des dépositions de Paul Pogba par son avocate, notamment sur les divers dons d’argent. Comme cette somme de 100 000 € que «Boub’s» aurait perçue en cash, de la main à la main. « Paul Pogba dit avoir remis les 100 000€ et vous le contredisez, lance Me Piccio. Pourquoi mentirait-il ? »
« Demandez-lui, réplique Boub’s. Il a menti sur moi, sur plein de choses, pourquoi il ne mentirait pas sur ça ? » « J’aurais bien voulu qu’il soit là pour en parler », poursuit-il, remettant sur la table l’absence aux débats du joueur, victime et partie civile, qui réside à Miami et n’a pas souhaité se rendre au procès.
Pourquoi Boubacar C. a quitté l’appartement
C’est un fait, Boubacar C. n’était pas présent dans l’appartement de Montévrain au moment du braquage et de la séquestration de Paul Pogba, dans la nuit du 19 mars 2022. Il avait été auparavant invité par Roushdane K. à quitter les lieux.
Une demande qui ne l’a «pas surpris», affirme-t-il à la barre. « Peut-être qu’il avait besoin de parler » au joueur et au reste du groupe, dont son frère Adama C.. « Je n’étais pas particulièrement curieux de savoir, je ne vois pas ce qui serait dérangeant s’il veut dire des choses en privé. Si j’avais vu quelque chose de dérangeant, je serais resté. »
Pendant son absence, Boubacar C. est resté dans la voiture, en bas du bâtiment. C’est Roushdane K. qui est venu ensuite le chercher. L’ambiance est pesante dans la Clio blanche, sur le chemin du retour, avec Paul Pogba et Adama C.. Mais personne ne parle de l’agression qui vient de se dérouler.
Roushdane K. présenté comme un «protecteur»
L’avocate de Paul Pogba, Me Carine Piccio, a désormais la parole. Elle revient sur la soirée du 19 mars 2022, prélude au braquage du champion du monde 2018.
«A ce moment-là, êtes-vous surpris de voir monter Roushdane K. (suspecté de d’avoir organisé – ou fait exécuter – le chantage du milieu international) dans l’appartement de votre famille ? », demande la robe noire.
S’en suit une petite friction avec l’avocate, qui reproche à Boubacar C., de répondre à sa question par une autre question ; une tactique de défense déjà usée par d’autres prévenus à la barre, sous le feu roulant des demandes de précisions.
« Il n’est pas étranger à ma famille, ça ne m’étonne pas, c’est le grand-frère de notre ami Machikour, finit par lâcher « Boub’s ». Il est protecteur, on connaît ça de lui.
Je lui ai dit : » Ne fais pas ça ! « »
Averti des intentions de Mathias Pogba de publier une vidéo sur les réseaux, dans le courant de l’été 2022, pour révéler les dessous de l’affaire, Boubacar C. explique avoir tenté de raisonner le frère aîné de Paul, qui comparaît comme prévenu.
«Je le dissuade. Je ne suis pas au courant de ce qu’il va diffuser. Juste qu’il va parler aux journaux et aux influenceurs. Je lui dis : » Ne fais pas ça ! » Ça lui est déjà arrivé de s’énerver contre son petit frère, on peut avoir des embrouilles. Le fait qu’on se soit fait agresser, qu’il ait appris l’agression de son frère, c’était choquant, que tout le monde soit en danger et que son frère s’en foute, ça l’a énervé. Il s’est peut-être dit que ça allait faire réagir son frère, parce qu’il sait qu’il tient beaucoup à son image. C’est sûrement un appel au secours, je ne sais pas. »
Mathias Pogba n’écoutera finalement pas les conseils de Boubacar C. et diffusera sa vidéo le 27 août sur l’ensemble de ses réseaux.
Yeo Moriba est arrivée à l’audience
La mère de la fratrie Pogba, Yeo Moriba (54 ans), absente lors de la partie matinale des débats, a pris place à 14h50 dans la salle d’audience, au deuxième rang, alors que Boubacar C. est toujours à la barre.
«Pas un grand fanatique de foot»
La présidente enchaîne des questions d’ordre général pour apporter certaines précisions. Boubacar C. est notamment interrogé sur l’état de santé de Mino Raiola, l’ancien agent de Paul Pogba, très malade à l’époque des faits et disparu depuis. « Je ne savais pas qu’il était malade, assure le prévenu. Je ne suis pas un grand fanatique de foot. Je soutiens mon ami Paul Pogba. Le foot à la base n’est pas ma passion. »
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