Colonel Atonfack Guemo : « opter pour le séparatisme serait faire le jeu d’un colonialisme… »

Le monde actuel, de plus en plus fracturé et en proie à des conflits violents, nous pousse à revoir nos priorités. Il devient urgent de consolider nos acquis, de défendre nos positions et de faire progresser nos propres ambitions en nous appuyant sur nos ressources et nos capacités internes. Ce changement de perspective est particulièrement essentiel pour les pays en développement, souvent enclins à suivre aveuglément les modèles étrangers, dont les valeurs morales se dissipent, tout en consommant sans discernement les biens qui ont contribué à la prospérité des nations jadis pauvres et aujourd’hui riches grâce à nos ressources.

Les grandes puissances, confrontées à un développement qui atteint ses limites, à une population en déclin, à des ressources qui s’épuisent et à un environnement saturé, tournent désormais leur regard vers nos pays, convoitant nos richesses. Pour parvenir à leurs fins, elles usent de ruses et de violence. Des messages trompeurs, des manipulations secrètes et des troubles sociopolitiques sont orchestrés, tandis que des violences armées, soigneusement planifiées, sont présentées comme des événements spontanés. Sous des prétextes souvent fallacieux et parfois très subjectifs, des groupes financés réclament l’autonomie ou même la sécession d’une partie du territoire.

Il n’est donc pas surprenant de voir certains de nos compatriotes, déconnectés de leur histoire et de leur identité, revendiquer un héritage colonial. En réalité, tout est mis en place pour diviser, semer la discorde et pousser les peuples à se déchirer, afin de maintenir la dépendance et la soumission. Le Cameroun est clairement dans la ligne de mire de ces forces manipulatrices qui cherchent à instaurer un chaos hégémonique. Choisir la soumission ou le séparatisme, c’est jouer le jeu de ceux qui veulent perpétuer notre dégradation et notre asservissement. Le séparatisme, loin d’être une solution, n’a jamais profité qu’aux intérêts extérieurs. De plus, les petits États ainsi créés seraient non seulement instables, mais aussi incapables de se maintenir.

En ce qui concerne notre pays, les puissances dominantes ne voient pas d’un bon œil l’idée que le Cameroun puisse atteindre l’autonomie alimentaire, se doter des capacités scientifiques nécessaires pour développer son industrie et sa technologie, et ainsi se transformer en un acteur économique majeur, loin d’être un simple terrain d’exploitation des ressources naturelles. Pourtant, c’est bien là la véritable vocation du Cameroun : devenir un centre de prospérité et de sécurité non seulement pour l’Afrique centrale, mais pour l’ensemble du continent, et même au-delà.

Plus que jamais, l’unité et le développement doivent être notre objectif commun. Il est grand temps de réaliser que nous avons assez souffert des atrocités de la traite négrière, du protectorat, du mandat, de la tutelle, des crises économiques et du terrorisme. Ces expériences ont engendré des fractures sociales qui ne nous ont conduits qu’à la régression sur les plans socioéconomique et moral.

Le moment est venu de réaffirmer nos aspirations légitimes, trop souvent ignorées. Il nous faut faire preuve de lucidité et de courage pour rejeter définitivement ceux qui voudraient nous faire revivre les douloureux souvenirs de notre histoire coloniale. L’ambition de souveraineté, bien qu’elle nous coûte du sang, de la sueur et des larmes, reste le seul véritable investissement pour un avenir digne de nos sacrifices.